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REVUE PÉDAGOGIQUE

ouvrages de pédagogie théorique ou pratique, si justement appréciés, à l’étranger aussi bien que chez nous.

Sans cesse à la recherche du mieux, l’initiative de M. Carré a quelquefois devancé et peut-être inspiré les instructions officielles. Se doute-t-on que les classes enfantines ont vu le jour dans les Ardennes ? Il les appelait « petites classes » ou « petites classes mixtes ». On y débrouillait pour l’école les enfants des deux sexes. Et comme ces classes étaient irrégulières, il n’était pas sans inquiétude à leur sujet. Un beau jour en effet, un inspecteur général se fâcha tout rouge. Mais son rapport n’eut pas de suite, ou plutôt il eut une suite inattendue : quelques mois plus tard, on créait des « petites classes » dans les écoles de la Seine, et deux ans après, sous la dénomination de « classes enfantines », elles recevaient la consécration légale.

Ce n’est pas la seule fois que M. Carré fut menacé des foudres officielles, Il les mérita pour d’autres motifs. Sous l’ordre moral, il eut le tort de défendre énergiquement contre Île préfet à poigne d’alors et contre les politiciens réactionnaires les instituteurs dénoncés et menacés. Tandis que dans d’autres départements des hécatombes s’accomplissaient, dans les Ardennes, le mal se réduisit sur son insistance à des déplacements aussi peu désavantageux que possible. Au ministère on jugea qu’un fonctionnaire aussi obstinément indocile ne pouvait rester dans l’administration, et on décida de lui retirer son emploi. Il fallut l’intervention d’un haut personnage ardennais, ami puissant du régime, pour conserver à l’inspection l’un des meilleurs inspecteurs de France.

Les Instructions et les Circulaires de M. Carré aux instituteurs, ses nombreux articles du Bulletin des Ardennes, les études qu’il a publiées dans cette Revue même prouvent qu’il n’a négligé de s’occuper d’aucune des matières du programme. Mais c’est l’enseignement du français, considéré par lui comme le véhicule et la condition des autres, qui attira surtout sont attention et sollicita ses efforts.

Il s’y attacha dès ses débuts ; sa Lettre à un Instituteur de la Haute-Saône sur l’enseignement de la langue française sur élèves des écoles primaires, en 1873, est comme la préface de ce qu’il a écrit depuis sur cette question si importante. Il n’eut d’abord