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Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/54

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L’épluchette

Comme à tel combat de jadis,
Jean demande à son adversaire,
Poli, de commencer l’affaire
Et de tirer le premier !
Le juif sans se faire prier
Se porte aussitôt à l’attaque :
— Apraham dans l’sein du seigneur !
Dit-il, et clic, un poil ! — Pétaque !
Hurle Gros-Jean sous la douleur
Frottant la partie affectée.
Un éclair brille en son regard ;
Et la galerie enchantée
Jubile, et cela sans fard.
Cela promet d’être très drôle.
Jean entrant alors dans son rôle,
Choisit dans le menton du juif
Un gros crin et le tire : pif !
En nommant son saint : saint Ignace !
À son tour faisant la grimace
Le juif se frotte le menton ;
Et l’on s’esclaffe pour de bon.
Et le combat bientôt s’engage
Sérieux, violent, cruel.
Gros-Jean peu patient, enrage ;
Il le trouve long, ce duel.
Faisant appel à sa mémoire
Il dit : — Saints Côme et Damien !
Le juif riposte au chrétien :
— Les douze abôtres étaient pien
Te ma race. C’est tans l’histoire !