Aller au contenu

Page:Sand - Francia.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mot grossier qui peut-être voulait être aimable ; mais il ne l’eut pas plus tôt prononcé qu’un coup de poing bien asséné lui meurtrissait le nez jusqu’à faire jaillir le sang. Vingt bras s’agitèrent pour saisir le coupable ; il tenait parole à sa sœur, il glissait comme un serpent entre les jambes de l’ennemi et renversait les hommes les uns sur les autres. Il se fût échappé, s’il ne fût tombé sur un peloton russe qui s’empara de lui et le conduisit au poste. Dans la bagarre, Francia s’était réfugiée auprès du père Moynet, le vieux troupier, son meilleur ami : c’est lui qui l’avait ramenée en France à travers mille aventures, la protégeant quoique blessé lui-même, et la faisant passer pour sa fille.

La pauvre Francia était désolée, et il ne la rassurait pas. Bien au contraire, en haine de l’étranger, il lui présentait l’accident sous les couleurs les plus sombres : être arrêté pour une rixe en temps ordinaire, ce n’était pas grand’chose, surtout quand il s’agissait d’un frère voulant faire respecter sa sœur ; mais avec les étrangers il n’y avait rien à espérer.