Page:Sand - Francia.djvu/101

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La police leur livrerait le pauvre Dodore et ils ne se gêneraient pas pour le fusiller. Francia adorait son frère ; elle ne se faisait pourtant pas illusion sur ses vices précoces et sur son incorrigible paresse. Au retour de la campagne de Russie, elle l’avait trouvé littéralement sur le pavé de Paris, vivant des sous qu’il gagnait en jouant au bouchon, ou qu’il recevait des bourgeois en ouvrant les portières des fiacres. Elle l’avait recueilli, nourri, habillé, comme elle avait pu, n’ayant pour vivre elle-même que le produit de quelques bijoux échappés par miracle aux désastres de la retraite de Moscou. Ses minces ressources épuisées, et ne gagnant pas plus de dix sous par jour avec son travail, elle avait consenti à partager l’infime existence d’un petit clerc de notaire qui lui parut joli et qu’elle aima ingénument. Trahie par lui, elle le quitta avec fierté, sans savoir où elle dînerait le lendemain. Par une courte série d’aventures de ce genre, elle était trop jeune pour en avoir eu beaucoup, elle arriva à posséder le cœur de M. Guzman, qui était relativement à l’aise et qu’elle chérissait fidèle-