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Page:Sand - Francia.djvu/123

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elle s’étendait peut-être à une centaine de personnes du quartier qui la connaissaient de vue ou de nom. N’importe, il n’y a pas de petit horizon, comme il n’y a pas de petit pays. Elle avait toujours fait dire d’elle qu’elle était sincère, désintéressée, fidèle à ses piètres amants ; elle ne voulait point passer pour une fille qui se vend et elle cherchait le moyen de faire accepter la vérité sans perdre de sa considération ; mais ses réflexions n’avaient pas de suite, l’enivrement de son cerveau dissipait ses craintes : elle revoyait le beau prince à ses pieds, et pour la première fois de sa vie elle était accessible à la vanité sans chercher à s’en défendre, prenant cette ivresse nouvelle pour un genre d’amour enthousiaste qu’elle n’avait jamais ressenti.

Enfin l’arrivée de Théodore vint l’arracher à ses contemplations.

— Pas plus habillée que ça ? lui dit-il en la voyant en jupe et en camisole, les cheveux encore dénoués. Qu’est-ce qu’il y a donc ?

— Et toi ? Tu rentres à des neuf heures du matin quand je t’attends depuis…