Page:Sand - Francia.djvu/204

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montrée sur le pavé… Ah ! j’en rougis pour toi ! pour moi aussi, qui t’ai ramenée de là-bas, et qui aurais mieux fait de te flanquer une balle dans la tête ! Voilà un beau débris de la grande armée, voilà un bel échantillon de la déroute ! Et comme ces ennemis doivent avoir une belle idée de nous !

Francia l’écoutait, le coude sur son genou, la joue dans sa main, la poitrine rentrée, les yeux fixes. Elle ne pleurait plus. Elle envisageait sa faute et commençait à y voir un crime. Ses affreuses visions de la nuit précédente lui revenaient. Elle contemplait, tout éveillée, la tête mutilée de sa mère et le cheval de Mourzakine galopant avec ce sanglant trophée.

— Papa Moynet, dit-elle à l’invalide, je vous en prie, ne dites plus rien ; vous me rendrez folle !

— Si ! Je veux dire, et je dirai encore, reprit Moynet, à qui elle avait oublié de faire savoir combien elle était malade depuis vingt-quatre heures : je ne t’ai jamais assez dit, je ne t’ai ja-