Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/14

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par le soleil, sans le lazarrone qui écoute, sans la brune Italienne qui sourit ? Rien de ce qui vit ne peut rester dans le vide : il faut à tout récit son théâtre, son auditoire, son acteur. »

La scène se passe en Bretagne, devant des gens du peuple, le soir près du foyer. Le théâtre
Les acteurs de Souvestre.
représente successivement une ferme du pays de Tréguier, une forge du Léonais, une île de Cornouaille, et jusqu’à une hutte de sabotier, où l’on parle le « langage en bloc », patois semi-breton, semi-gallo des Gwenediz ou Vannetais. L’acteur sera tour à tour un mendiant, un écolier, une paysanne, un laboureur, un maraîcher, un marchand de fil, un maréchal ferrant, une veuve de matelot, un douanier, un patron de barque, un braconnier, un meunier, un sabotier, un boucher. Humble troupe, en vérité ; mais le metteur en scène est Souvestre. Les récits merveilleux se suivent, contés — ou censés l’être — dans l’un ou l’autre des quatre dialectes auquel correspond la région où l’action est placée. Les conteurs sont des disréveller ou des marvailler, les premiers impersonnels et emphatiques, les seconds inventifs et gais. Parmi les récits, certains ressemblent à des ballades en prose par leur forme solennelle et rythmée, la plupart suivent familièrement leur petit bonhomme de chemin. Chroniques locales ou légendes religieuses, contes frappés au coin national, contes importés d’ailleurs, mais naturalisés par le costume, le régisseur en a pour tous les goûts.