Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/164

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porte assez peu, et puisqu’il en est ainsi, je tenterai l’aventure.

Allanic partit donc, et comme il connaissait le chemin et qu’il avait ses bottes de sept lieues, il arriva facilement devant le château du géant. Des couvreurs réparaient les toits. Il se cacha dans le bois, pour attendre la nuit. Vers dix heures, comme il faisait bien sombre, la demi-lune fut arborée sur la plus haute tour, et aussitôt tout s’éclaira à plusieurs lieues à la ronde.

Les couvreurs, en se retirant le soir, avaient laissé leurs échelles contre les murs du château. Vers minuit Allanic sortit du bois, et, au moyen de ces échelles, il monta sur la plateforme de la tour, enleva la demi-lune, la mit dans un sac qu’il avait emporté, et partit sans rester, comme on dit, à chercher cinq pieds au mouton. À l’obscurité qui se fit soudainement, le géant sortit, pour en connaître la cause. Il vit Allanic qui partait, emportant sa demi-lune sur son dos. Il cria, il hurla comme une bête féroce. Il voulut poursuivre le voleur ; mais hélas ! il n’avait plus ses bottes de sept lieues.

Quand Allanic arriva à Paris avec sa demi-lune, il l’arbora aussitôt sur la plus haute tour du palais du roi, et la ville entière, tout à l’heure plongée dans l’obscurité, se trouva soudain éclairée comme en plein jour. Les habitants se levaient et accouraient vers le palais, d’où venait la lumière, et voyant que leur roi