Page:Teirlinck I., Le folklore flamand, vol. 1 - Folklore mythologique.pdf/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 153 —

« Vous êtes encore un peu malade, » répondit le nain. « Vous vous rétablirez lentement, mon père. »

Le nain fit tant de farces que le géant devint méfiant et résolut de manger le petit espiègle.

Certain matin le géant se leva tôt, chercha en tâtonnant toutes les portes, les ferma bien et s’assit devant la sortie du bercail ; les brebis passèrent entre ses jambes l’une après l’autre.

Le nain s’aperçut à temps du danger.

Il tua la plus grande brebis et s’enveloppa de la toison. Ainsi travesti il put se sauver.

Lorsque toutes les brebis furent passées, le géant appela :

« Eh bien, mon fils, où restez-vous ? »

« Petit père, » rit le nain, « je suis sorti depuis bien longtemps. »

Le géant grinça des dents ; mais le nain jeta la toison et s’enfuit au loin[1].


Dans une église, à Hamme, on conserve un os de géant (reuzenbeen). Jaak van de Velde (dans le Konst- en Letterblad, 1840, p. 60), écrit :

« Dans le temps, des géants demeuraient aux environs de Hamme ; un entre autres habitait la ville même, un deuxième avait sa demeure sur la rive opposée de la Durme, dans le pays de Waas. Un jour, une querelle surgit entre eux par rapport à leur taille ; afin d’aplanir le différend, ils se rendirent à Thielrode où, justement, on construisait une église tous les deux purent atteindre le toit et mirent, sur le mur en construction, chacun une brique.

D’autres parlent de trois géants (on ne connaît pas l’habitation du troisième) et disent qu’ils n’allèrent pas à Thielrode pour se mesurer, mais, qu’à Hamme même ils construisirent une église. Ils n’eurent pas besoin d’échafaudages pour atteindre le toit. L’un des trois n’employait jamais pont

  1. Joos I, 178.
8.