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directoire (1798).

veaux peuples affranchis, déconsidéraient la république-mère, et prouvaient la difficulté de maintenir tous ces corps dans leur orbite.

Les événemens de la Cisalpine furent gravement reprochés au directoire, car il est d’usage de tout changer en griefs contre un gouvernement qu’on attaque, et de lui faire un crime des obstacles même qu’il rencontre dans sa marche. La double opposition qui commençait à reparaître dans les conseils attaqua diversement les opérations exécutées en Italie. Le thème était tout simple pour l’opposition patriote : on avait commis un attentat, disait-elle, contre l’indépendance d’une république alliée ; on avait même commis une infraction aux lois française, car la constitution cisalpine qu’on venait d’altérer était garantie par un traité d’alliance, et ce traité, approuvé par les conseils, ne pouvait être enfreint par le directoire. Quant à l’opposition constitutionnelle, ou modérée, il était naturel de s’attendre à son approbation plutôt qu’à ses reproches, parce que les changemens faits dans la Cisalpine étaient dirigés contre les patriotes exclusifs. Mais dans cette partie de l’opposition se trouvait Lucien Bonaparte. Il cherchait des sujets de querelle au gouvernement, et il croyait d’ailleurs devoir défendre l’œuvre de son frère, attaquée par le directoire. Il cria, comme les patriotes, que l’in-