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révolution française.

peu considérable en lui-même, venait de lui persuader encore que tout devait fuir devant les baïonnettes françaises. C’était du reste l’opinion de l’Europe. Il ne fallait rien moins que l’immensité des moyens réunis contre la France, pour donner à ses ennemis le courage de se mesurer avec elle. Mais cette confiance du gouvernement français dans ses forces était exagérée, et lui cachait une partie des difficultés de sa position. La suite a prouvé que ses ressources étaient immenses, mais que dans le moment elles n’étaient pas encore assez assurées pour garantir la victoire. Le directoire, outre la France, avait à administrer la Hollande, la Suisse, toute l’Italie, partagées en autant de républiques. Les administrer par l’intermédiaire de leur gouvernement, était, comme on l’a vu, encore plus difficile. que si on avait commandé directement chez elles. On n’en pouvait presque tirer aucune ressource, ni en argent ni en hommes, par le défaut d’organisation. Il fallait cependant les défendre, et dès lors combattre sur une ligne qui, depuis le Texel, s’étendait sans interruption jusqu’à l’Adriatique, ligne qui, attaquée de front par la Russie et l’Autriche, était prise à revers par les flottes anglaises, soit en Hollande, soit à Naples. Les forces qu’une telle situation militaire exigeait, il fallait les tirer de France seulement. Or, les armées étaient singulièrement affaiblies. Quarante