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directoire (1799).

lait enfin une grande armée pour couvrir la Haute-Italie contre les Autrichiens, et la Basse-Italie contre les Napolitains et les Anglais réunis.

Ce champ de bataille était immense, et il n’était pas connu et jugé comme il l’a été depuis, à la suite de longues guerres et de campagnes immortelles. On pensait alors que la clé de la plaine était dans les montagnes. La Suisse, placée au milieu de la ligne immense sur laquelle on allait combattre, paraissait la clé de tout le continent ; et la France, qui occupait la Suisse, semblait avoir un avantage décisif. Il semblait qu’en ayant les sources du Rhin, du Danube, du Pô, elle en commandât tout le cours. C’était là une erreur. On conçoit que deux armées qui appuient immédiatement une aile à des montagnes, comme les Autrichiens et les Français quand ils se battaient aux environs de Vérone où aux environs de Rastadt, tiennent à la possession de ces montagnes, parce que celle des deux qui en est maîtresse peut déborder l’ennemi par les hauteurs. Mais quand on se bat à cinquante ou cent lieues des montagnes, elles cessent d’avoir la même importance. Tandis qu’on s’épuiserait pour là possession du Saint-Gothard, des armées placées sur le Rhin ou sur le Bas-Pô auraient le temps de décider du sort de l’Europe. Mais on concluait du petit au grand de ce que les hauteurs sont importantes sur un champ de bataille de quelques