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révolution française.

lieues, on en concluait que la puissance maîtresse des Alpes devait l’être du continent. La Suisse n’a qu’un avantage réel, c’est d’ouvrir des débouchés directs à la France sur l’Autriche, et à l’Autriche sur la France. On conçoit dès lors que, pour le repos des deux puissances et de l’Europe, la clôture de ces débouchés soit un bienfait. Plus on peut empêcher les points de contact et les moyens d’invasion, mieux on fait, surtout entre deux états qui ne peuvent se heurter sans que le continent en soit ébranlé. C’est en ce sens que la neutralité de la Suisse intéresse toute l’Europe, et qu’on a toujours eu raison d’en faire un principe de sûreté générale.

La France, en l’envahissant, s’était donné l’avantage des débouchés directs sur l’Autriche et l’Italie, et, en ce sens, on pouvait regarder la possession de la Suisse comme importante pour elle. Mais si la multiplicité des débouchés est un avantage pour la .puissance qui doit prendre l’offensive, et qui en a les moyens, elle devient un inconvénient pour la puissance qui est réduite à la défensive, par l’infériorité de ses forces. Celle-ci doit souhaiter alors que le nombre des points d’attaque soit aussi réduit que possible afin de pouvoir concentrer ses forces avec avantage. S’il eût été avantageux pour la France, suffisamment préparée à l’offensive, de pouvoir déboucher en Bavière par la Suisse, il