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révolution française.

causer un désastre. Mais il était clair que cette aile allait être renforcée aux dépens du centre et de la gauche, et qu’il fallait agir sur elle avec une grande masse de forces. Il fallait donc, comme dans le plan primitif, faire converger sur ce même point l’avant-garde, la réserve et la gauche. Malheureusement le général Jourdan, se confiant dans le succès trop facile qu’il venait d’obtenir, voulut atteindre un objet trop étendu, et au lieu d’amener Saint-Cyr à lui, il prescrivit à ce général de faire un long circuit, pour envelopper les Autrichiens et leur couper la retraite. C’était trop se hâter de recueillir les fruits de la victoire, quand la victoire n’était pas remportée. Le général Jourdan ne garda sur le point décisif que la division d’avant-garde et la réserve confiée à d’Haupoult.

Pendant ce temps, la droite des Autrichiens, voyant les bois qui la couvraient forcés par l’ennemi, fit volte-face, et disputa avec une extrême opiniâtreté la chaussée de Liptingen à Stokach, qui traverse ces bois. On se battait avec acharnement, lorsque l’archiduc accourut en toute hâte. Jugeant le danger avec un coup d’œil sûr, il retira les grenadiers et les cuirassiers du centre et de la gauche pour les transporter à sa droite. Ne s’effrayant pas du mouvement de Saint-Cyr sur ses derrières, il sentit que Jourdan repoussé, Saint-Cyr n’en serait que plus compromis, et il résolut de se