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révolution française.

la bataille fût perdue les Français, inférieurs du tiers, avaient conservé partout le champ de bataille, et déployé une rare bravoure ; mais avec leur infériorité numérique, et l’isolement de leurs différens corps, n’avoir pas vaincu, c’était être battu. Il fallait sur-le-champ rappeler Saint-Cyr, très compromis, rallier l’avant-garde et la réserve maltraitées, ramener le centre et la droite. Jourdan donna sur-le-champ des ordres en conséquence, et prescrivit à Saint-Cyr de se replier le plus promptement possible. La position de ce dernier était devenue très périlleuse ; mais il opéra sa retraite avec l’aplomb qui l’a toujours signalé, et il regagna le Danube sans accident. La perte avait été à peu près égale des deux côtés, en tués, blessés ou prisonniers.

Elle était de quatre à cinq mille hommes environ. Après cette journée malheureuse, les Français ne pouvaient plus tenir la campagne, et ils devaient chercher un abri derrière une ligne puissante. Devaient-ils se retirer en Suisse ou sur le Rhin ? Il était évident qu’en se retirant en Suisse, ils combinaient leurs efforts avec l’armée de Masséna, et pouvaient par cette réunion reprendre une attitude imposante. Malheureusement le général Jourdan ne crut pas devoir en agir ainsi ; il craignait pour la ligne du Rhin, sur laquelle Bernadotte n’avait réuni encore que sept à huit mille hommes, et il résolut de se replier à l’entrée des défilés de la