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révolution française.

tenter une manœuvre audacieuse, de laquelle il espérait le succès de la bataille. Il voulait aborder notre ligne par la gauche c’est-à-dire par l’îlot d’Aboukir, passer entre cet îlot. et notre escadre, malgré les dangers des bas-fonds, et se placer ainsi entre le rivage et notre ligne d’embossage. Cette manœuvre était périlleuse, mais. l’intrépide Anglais n’hésita pas. Le nombre des vaisseaux était égal des deux côtés, c’est-à-dire de treize vaisseaux de haut-bord. Nelson attaqua vers huit heures du soir. Sa manœuvre ne fut d’abord pas heureuse. Le Culloden, en voulant passer entre l’îlot d’Aboukir et notre ligne, échoua sur un bas-fonds. Le Goliath, qui le suivait, fut plus heureux, et passa ; mais poussé par le vent, il dépassa notre premier vaisseau, et ne put s’arrêter qu’à la hauteur du troisième. Les vaisseaux anglais le Zélé, l’Audacieux, le Thésée, l’Orion, suivirent le mouvement, et réussirent à se placer entre notre ligne et le rivage. Ils s’avancèrent jusqu’au Tonnant, qui était le huitième, et engagèrent ainsi notre gauche et notre centre. Leurs autres vaisseaux s’avancèrent par le dehors de la ligne, et la mirent entre deux feux. Comme on ne s’attendait pas dans l’escadre française à être attaqué dans ce sens, les batteries du côté du rivage n’étaient pas encore dégagées, et nos deux premiers vaisseaux ne purent faire feu que d’un côté aussi l’un fut-il désemparé, et l’autre