Page:Thiers - Histoire de la Révolution française, tome 10.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
80
révolution française.

Rapinat fit sur-le-champ enlever les scellés du directoire helvétique, et déclara à ce directoire qu’il était borné aux fonctions administratives, qu’il ne pouvait rien contre l’autorité de la France, et qu’à l’avenir ses lois et ses décrets n’auraient de vigueur qu’autant qu’ils ne contiendraient rien de contraire aux arrêtés du commissaire et du général français. Les ennemis de la révolution, et il s’en était glissé plus d’un dans les conseils helvétiques triomphèrent de cette lutte et crièrent à la tyrannie. Ils dirent que leur indépendance était violée, et que la république française, qui avait prétendu leur apporter la liberté, ne leur apportait en réalité que l’asservissement et la misère. L’opposition ne se manifestait pas seulement dans les conseils, elle était aussi dans le directoire et dans les autorités locales. A Lucerne et à Berne, d’anciens aristocrates occupaient les administrations ; ils apportaient des obstacles de toute espèce à la levée de quinze millions frappés sur les anciennes familles nobles pour les besoins de l’armée. Rapinat prit sur lui de purger le gouvernement et les administrations helvétiques. Par une lettre du 28 prairial (16 juin), il demanda au gouvernement helvétique la démission de deux directeurs, les nommés Bay et Pfiffer, celle du ministre des affaires étrangères, et le renouvellement des chambres administratives de Lucerne et de Berne. Cette demande, faite avec le ton d’un ordre,