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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/178

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Car malgré ta science, ô sage évocateur,
Tu ne m’as point montré la genèse des choses,
Par quoi le gouffre amer s’emplit et se suppose,
Ni d’où sort le ruisseau qui glisse des hauteurs.


C’est pourquoi, remontant l’estuaire fertile
Où le fleuve lassé s’envase en gras contours,
Jusqu’aux quais accroupis gardiens de son cours,
J’ai traversé sans m’arrêter les sombres villes.


L’onde coulait fangeuse et d’antiques brouillards,
Mélangés aux relents issus de bouches sombres
En train de rejeter de nidoreux décombres,
Incrustaient leur patine aux horizons blafards.


Peu à peu les coteaux tendaient leurs pentes gaies,
S’échelonnant au bord des horizons boisés,
Et le fleuve coulait plus pur, amenuisé
Au frôlement mystérieux des oseraies.