Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/179

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Et les cloches des bourgs tintaient dans le matin
La fraîche éclosion de la bonne journée,
Et galopait en rond la roue éperonnée
Des moulins étourdis de clapotis câlins.


Puis la forêt m’a révélé ses observances
Par l’incessible voix des oiseaux inspirés,
Et j’ai lavé mon corps et j’ai purifié
Mes sens, au clair ruisseau des mystiques Jouvences.


Sonne, sonne, mon cor, la marche du Graal,
À travers la ferveur des sapins extatiques ;
Voici que prennent fin mes jeûnes ascétiques
Et qu’à nouveau me vêt le linge baptismal.


Déjà l’ombre s’effeuille et les bois s’illuminent
Aux limpides abords des glaciers transparents.
Je franchirai d’un bond le fracas des torrents
Et j’enjamberai leurs avalanches d’hermine.