Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Triomphante de gloire et de grâce vêtue,
Cette gerbe d’épis et ce bouquet de lys.
Aucune Galatée, aucune Amaryllis,
Malgré le sot troupeau de leurs bergers serviles
Et leurs prêtres en rut qui pleurent dans les villes,
Aucune entremetteuse au sourire menteur,
N’aura jamais reçu de ses adorateurs
Un plus riche présent sur la terre féconde
Que ce bouquet de lys et cette gerbe blonde.
J’ai cueilli la candeur du lys parmi les blés,
Dans un joyeux vallon, que n’ont jamais troublé
Ni la dent des troupeaux, ni le fer des faucilles ;
Les hautes herbes sous le vent tremblent et cillent ;
L’abeille diligente y vient seule au printemps
Déguster le pollen du calice odorant.
Un ruisseau vagabond, lamellé de fougères,
Chante le frais émoi de sa course légère,
Et l’aimable pudeur ombre les durs rochers.


Dans ton sentier intérieur j’ose marcher.
J’ai macéré ma chair au jeu du discobole ;
Mon âme a revêtu l’innocente auréole,
Qui cercle de rayons l’aurore de mon cœur ;
Ma gloire est suspendue aux palmes du vainqueur.