Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/223

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Daigne te réjouir, respectable déesse,
Des festons précieux que mon zèle te tresse,
Au vertueux matin d’un Avril fortuné.
Diane la très belle, ô reine de Limné,
Je ne sais qu’honorer les Esprits tutélaires,
Et poursuivre le Mal jusque dans ses repaires,
Hardiment escorté d’un cortège d’amis.
Mais l’idéal splendide est encore endormi
Chez ceux-ci terrassés en leur science d’hommes.
Jusqu’à ce qu’élevant de la terre où nous sommes
Leurs faibles yeux fixés aux champs des voluptés,
Vers l’intime sommet où fleurit ta Beauté,
Ils découvrent la loi du cœur, la loi féconde,
Dont la clarté doit rénover l’ordre du monde,
— Ils couleront leurs jours dans les plaisirs charnels.


Car tous ayant sucé le mal originel
Et laissé s’envaser l’océan de vos âmes,
En mouillant votre bouche à l’haleine des femmes,
Vous n’allez plus guetter dans vos propres forêts
Le passage haletant des rapaces méfaits.
Vous ne découplez plus les honnêtes molosses
Devant le noir troupeau de vos désirs féroces.
Ils croissent dans votre ombre, assiègent vos blancheurs,