Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/224

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Ces fauves que nourrit le crime intérieur,
Et les lynx corrompus, mêlés aux louves blêmes,
Hurlent à votre vie et gueulent en vous-mêmes.
Ô peuple impénitent ! Ô lâches citoyens !
Vous n’allez plus capter le flot céruléen
Dans les filets ancrés au bord du sable jaune.
Les soirs de Mai, quand on entend sauter les Faunes
Dans la clairière et les genêts, vous n’allez pas
Derrière un chêne vert épier pas à pas
La corne de leur front, ou leur sabot de chèvre.
Non, vous frôlez des seins et vous mordez des lèvres.
Des bandeaux odorants pressent vos cheveux noirs,
Et malgré l’âpre Hiver qui vous tend son miroir,
Vous écoutez tomber du fond du gynécée
Chaque rose du Temps et chaque heure tressée,
Et l’âme qu’exhala l’ancêtre valeureux
Pleure dans vos soupirs lascifs, tas d’amoureux !

Il se tourne vers le temple de Vénus qui domine Trézène.

Amour, Amour, ton front est las, ton geste est grave.
Tu rives le boulet et la chaîne d’esclave
Au pied de l’humble Joie ou du bruyant Plaisir ;
Ton vol pesant plane sur l’âme et ne peut fuir