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III

Avant de terminer ce long et fastidieux commentaire sur l’esthétique symboliste, je voudrais, reprenant la question à un autre point de vue, faire la preuve de ce que je viens d’alléguer et envisager les tendances de la poésie contemporaine en fonction de la notion de vie. Une esthétique qui ne s’adapterait pas aux exigences constitutives de la vie, ressemblerait un peu à ces langues mortes que la curiosité nous porte à connaître, mais dont les imperfections ou les circonstances opportunes nous interdisent l’usage. On éprouve la solidité d’une théorie d’esthétique en s’assurant si ses fondements reposent sur le riche terrain de la vie. Or, plus profondément que tout autre, l’esthétique symboliste me semble plonger ses racines dans les contrées luxuriantes de la vie et puiser dans la vie même, telle que la science et la philosophie la conçoivent, la raison d’un essor éternellement jeune.

Réservant pour plus tard le soin d’étayer mes preuves et d’alléguer de probants exemples empruntés aux époques de haute culture littéraire, je me contente ici de quelques affirmations que je prie qu’on accepte toutes nues.