Page:Wiele - Ame blanche.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
ÂME BLANCHE

longs, un buste trop court, des épaules trop grêles…, mais les cheveux d’un blond cendré presque châtain, mais les yeux bleus aux longs cils noirs, mais le front candide extrêmement blanc, mais les dents, éclatantes dans le sourire d’une bouche trop largement fendue, n’étaient pas désagréables à voir et il me semblait que je les voyais pour la première fois. Des rappels de ma petite enfance s’évoquaient à cette vision et je me faisais l’effet d’être bien plus près de cette époque où je vivais avec ma mère, place du Béguinage, que de celle où ma tante Josine m’imposait les tabliers de lustrine noire et les gros gants de futaine :

« Oh ! maman, maman, songeais-je, si vous voyiez votre fille maintenant, vous la reconnaîtriez ! »

À Anvers, j’eus bientôt une chambre à coucher dont le meuble était en laqué blanc relevé d’un mince filet vert d’eau, dont les tentures étaient de pékin blanc à raies vertes fleuries de bouquets roses. Ma tante Hélène montrait un vrai bonheur à m’entourer de tant de jolies choses.

Après une villégiature à Ostende, où elle avait laissé beaucoup de ses amies, j’imagine que son intérieur lui aurait paru bien morose sans la diversion qu’y apportait le soin de mon installation. Septembre, c’est encore le mois des vacances et la ville, dans ces quartiers aristo-