Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/105

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Peu après ce jour commencèrent les grandes pluies de l’automne et les ouragans chargés de dépouiller les arbres. Olive aimait tendre ses joues sans fard à la tempête. Les aquilons fouettaient son sang sauvage avec d’autant plus d’énergie qu’elle se lançait dans leur tourbillon en faisant de la vitesse. Et laissant derrière elle à la course les nues échevelées de novembre, elle se croyait la divinité des cyclones, plus libre qu’une déesse, déchaînée comme le vent.

Chaque matin la laissait maîtresse de mettre le cap à sa fantaisie. Chaque soir lui offrait le retour à quelque gîte nouveau, exempt de l’attente et des reproches de qui que ce fût. Son autonomie était parfaite. Mais l’on ne pouvait nier que les fusils échantillons qui dormaient derrière elle, au fond de la voiture, ne lui tinssent affectueusement compagnie. Quand c’était son caprice et que telle auberge de la vieille France lui plaisait dans le Maine ou dans le Bocage normand, elle faisait allumer un grand feu dans sa chambre et lisait quelque revue de chasse achetée au Mans, à Rennes ; ou rédigeait ses commandes à Florac. Au dehors, la neige tombait.