Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/106

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S’étant une fois attardée sans utilité sur les bords de la Vilaine qui lui rappelaient Charlemart, elle dut revenir exprès à Angers où son courrier l’attendait depuis trois jours à la poste restante. Elle y trouva cette dépêche de son père :

« Ma chère Olive, reviens promptement pour une affaire qui te concerne. »

Elle pesta, tant sa liberté lui était chère et tant elle avait accoutumé de ne vivre qu’à sa guise :

« Mon père ne pouvait-il donc me laisser tranquille ! »

Mais elle n’avait pas plutôt tourné sa torpédo vers le sud que Charlemart lui sembla tout à coup un séjour douillet et désirable.

Trois jours plus tard pénètre Olive, toute de cuir vêtue, dans l’ancien appartement d’Athis de Fontaygue, converti par le duc en cabinet de travail. Le père embrasse ces joues mordues par le froid, dures et lisses comme un fruit d’hiver. Il complimente Olive sur sa mine. Elle ôte son casque où ses longs cheveux étouffent, s’assoit, sous la lettre de Henri IV, entre les pattes torses d’une table mitraillée par les vers et, sans perdre de temps :

— Voyons, père, que se passe-t-il ?

— Que le comte de Kerpol, ma chère Olive, te demande en mariage. Il m’a écrit une lettre d’une correction exemplaire, à laquelle…