Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/124

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— Ma sœur, murmura-t-il d’une voix sourde, comment avez-vous accepté ?

— Ah ! répliqua la religieuse, on raconte tant de choses ! Ce n’est pas écouter, c’est voir qu’il faut. Cette jeune fille-là est aussi décente, aussi modeste, aussi bien élevée que nos paroissiennes. Elle se peint un peu le visage ? La belle affaire ! Madame la vicomtesse de Badiane a, je vous le garantis, plus de rouge et plus de bleu et qui se voient davantage. Celle-là, on lit la pureté dans ses yeux, à telles enseignes qu’elle n’aspire qu’à mourir pour aller retrouver au ciel celui qu’elle a perdu.

— Qui a-t-elle perdu ? s’enquit le vieil avocat. sèchement.

Sœur Rosalie baissa les yeux ; sous sa lèvre ombreuse flotta un sourire de femme avertie :

— Assurément, pas un frère, monsieur le président. Je connais assez la vie pour discerner un chagrin d’amour. Mais je sens que cette petite pleure l’homme auquel elle allait donner sa vie. Il s’agissait certainement d’un mariage.

M. Février soupira :

Sancta sanctis, ma sœur. Tout devient pur aux yeux des saints ! Mais moi, dans ma carrière, j’ai remué assez de boue…

— Et moi, renchérit orgueilleusement sœur