Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/143

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porter à la ferme des Trois Pipes où gît un tuberculeux.

Marie en tout cas passe pour riche. Elle ne l’est pas, mais fait partie de ceux à qui l’on prête, à cause du beau linge dont crève son armoire de chêne, du fin mérinos de sa robe des dimanches, d’un air d’abondance qu’on respire chez elle.

C’est une petite maison cubique, la première du bourg, sur la grand’route. Il faut parcourir ensuite quarante mètres avant de trouver le maréchal ferrant. Au rez-de-chaussée, il y a la salle-cuisine et à droite la resserre pour les oignons et les haricots secs, dont la porte ouvre sur le potager. Entre les deux se branche, au fond du couloir, l’escalier de sapin, toujours blanc comme neuf, qui mène à la chambre de la Marie. Une belle chambre, vous savez, percée de quatre fenêtres, deux sur la route et deux sur le potager, avec l’armoire de chêne, dans le trumeau côté jardin, le lit gonflé de matelas, haut comme un catafalque sous son édredon d’andrinople rouge, et, au centre de la pièce, la table ronde que drape un tapis à sujets, venu de la Samaritaine de Paris.

Au-dessus n’est qu’un grenier.

Marie ne monte dans sa chambre que pour dormir. Tout le jour, elle se tient dans sa cuisine où elle coud, postée au carreau de la fenêtre, un