Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/147

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minette a fait son petit au cellier. » Et ses yeux se referment.

Le bois craque dans la maison. Signe qu’il faut prier pour les défunts, pense Marie mal éveillée et qui n’en a plus le courage. Elle glisse enfin au profond sommeil. Onze heures sonnent sans qu’elle le sache. Alors, c’est le grand silence dans le village. Majesté du silence, solennité que nulle musique n’égale !

Il y a un long, très long cliquetis dans la serrure, grignotement du fer par une bête hésitante. Pendant un siècle, Marie l’entend dansses ténèbres mentales, l’interprète, l’impute à des causes fantaisistes : la machine à coudre de sa bru ; la faux de son fils Jules, un beau matin, abattant la masse des trèfles rouges dans un champ. Mais le cliquetis finit par limer les liens ténus du sommeil qui emprisonnent Marie. Elle s’en échappe : avec la connaissance lui vient le discernement net du travail qu’on fait à sa porte. Elle dresse un peu la tête, tend l’oreille :

— Bon sang ! les serrures ne grincent pourtant pas toutes seules !

Mais la peur, la froide peur qui désagrège l’ordre physiologique et la volonté ne l’atteint pas, ne coule pas en elle pour la paralyser. Alarmée, voilà simplement ce qu’elle paraît. Soit que le