Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/148

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spécial équilibre de ses nerfs et de tout son corps sain repousse les ravages de l’épouvante, soit que sa vieille force, à cause de la race dont elle est une figure si représentative, ait encore un peu le goût du danger, Marie a pu connaître que quelqu’un forçait sa porte en pleine nuit, sans ressentir d’autre mouvement qu’un emportement secret de braver le péril et de le contraindre. Aucun trouble ne la défait de sa coutumière sagacité. Seulement, elle voit qu’il faut se hâter de donner l’alerte — le maréchal ferrant l’entendra-t-il ? — et elle recouvre une précipitation de jeunesse pour sortir : de son catafalque, bondir à terre, et, jambes nues, aller ouvrir la fenêtre. Dans la serrure, le travail s’est arrêté. La voici penchée au dehors qui, d’une voix puissante encore, comme les femmes habituées à se faire entendre de loin dans le grand vent des champs, s’écrie :

— Hé, là, Bertrand, au secours ! Hé, là, Bertrand, au secours ! Au secours !

Son dernier appel s’enfle, s’amplifie de tout son souffle et de toute sa volonté enragée de se faire entendre.

Mais elle ne va pas demeurer là, debout et grotesque pour attendre son brigand. La fenêtre demeure ouverte ; l’électricité allumée. Marie sent que sa seule défense est maintenant son lit, place