Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/149

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fortifiée et, de par sa hauteur, inexpugnable. Ni rhumatisme, ni ankylose cette fois ne s’oppose à ses mouvements. Leste et souple, elle a tout fait en moins d’une minute, excitée par ce qu’elle entend à présent. En effet, derrière la porte, on parle. Soudain, un formidable bruit ; l’assaut contre la menuiserie qui cède avec un craquement de planches déchirées. Et la mère-grand du Petit Chaperon Rouge n’est pas plutôt dressée en bon ordre sur son grand catafalque, avec son bonnet de lingerie, sa camisole bien repassée et son air de vieille Gauloise qui défie le danger que les deux mauvais garçons qui depuis une heure s’essayaient à démonter sans bruit la serrure pour surprendre leur victime en son sommeil, brusquant l’attaque, le couteau à la main, sont devant elle, éblouis par la lumière, plus affolés que leur proie.

— La vieille, tu vas nous dire…

Mais elle qui les domine du haut de ce lit majestueux, les reconnaît. C’est Crozant et Lereduc, du bourg voisin, deux gamins qui n’ont pas encore fini de grandir. Elle les regarde, les interrompt :

— Qui c’est, mes pauvres enfants, qui vous a dit de venir me tuer ? Vous avez donc point de grand’mère ?

Elle les regarde toujours. Elle voit les deux