Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/150

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ovales tout blancs de ces visages où brillent des yeux dilatés par l’alcool, l’alcool dont les garnements se sont allumés avant le « coup ». L’aîné a dix-sept ans ; ils sont en veste de semaine, le foulard au cou. Ils s’excitent à la sauvagerie, qui ne les a pas encore envahis autant qu’ils n’en grimacent pour terroriser la vieille femme, sur laquelle ils auraient déjà sauté si elle ne les eût en quelque sorte commandés du haut de ses matelas.

C’est le plus jeune, Lereduc, — car Crozant en entendant cette voix est devenu comme un somnambule qu’on réveille, — qui reprend :

— On ne te tuera pas, la vieille, si tu…

— Tais-toi, interrompt de nouveau la Marie. Parle point. Bouge point. Garde ton couteau. Ça que vous voulez faire, vous le ferez t’à l’heure. Premier, il faut qu’on cause, méchants garçons, vermine, petites vipères ! Vous n’avez point honte ? Venir tuer une vieille dans son lit ? J’ai point de tranchelard, moi ; j’ai point de fusil croché au mur ; et regardez mes mains que les rhumatismes ils ont mises de traviole. Je peux-t’y me défendre, dites, mes petits gars ? Allez, allez, vous risquez rien d’attendre un moment. Mon argent, que vous venez voler, il est là, dans l’armoire de chêne, — que je ne vous en donnerai pas la clef, que vous la