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Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/157

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quelque chose d’irrésistible sur ses bonnes lèvres qui murmurèrent :

— Je vous pardonne, mes pauvres gars.

Et elle se tut, les doigts joints, les yeux fermés, comme morte déjà. Crozant s’en fut ramasser le couteau de Lereduc et le posa avec le sien sur le tapis de la table ronde, au milieu de la chambre.

— On ne vous fera pas de mal, dit-il, enfin dégrisé.

Le drame, à l’action toute spirituelle, à peine soulignée de quelques gestes, drame immobile, en somme, n’avait pas duré en tout plus de cinq à six minutes. Îl s’achevait dans ce silence qui régna un instant parmi les trois êtres entre qui un si extraordinaire rapport venait de s’établir. Enchifrené par les larmes, ayant encore sa figure de petit garçon en pleurs, Lereduc revint vers le lit de Marie. Crozant en fit autant. Tous deux cédaient au besoin de se rapprocher d’elle. Cette vieille femme tutélaire les attirait, les envoûtait. Ils étaient là, collés à ses matelas, les yeux levés sur elle, attendant d’elle une manne quelconque.

Pour Marie, elle avait peine à se défaire du cauchemar, à l’abolir complètement. Elle considérait les mains des enfants, puis leurs couteaux posés là-bas sur le tapis de la Samaritaine de Paris. Enfin, elle répéta sa question du début :