Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/163

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qui monta. C’est ce large buste de bonhomme qui émergea soudain de la nuit et s’encadra dans la fenêtre aux yeux de ceux qu’on pouvait appeler désormais les trois amis. L’arme qu’il portait, une serpe, lui tomba des mains, quand il vit la bonne femme tranquillement assise sur son lit et catéchisant les jeunes gens, alors que les deux lames luisaient immobiles sur la table.

Mathieu sauta dans la pièce, bientôt suivi du maréchal ferrant qui achevait péniblement l’escalade. Tous deux connaissaient Lereduc et Crozant, surtout ce dernier qui travaillait plus souvent au village. Et ici, le cours naturel des choses humaines, un instant interrompu par l’inspiration miraculeuse d’une vieille femme des champs, reprit son mouvement normal. Les deux coupables, brutalisés, molestés, furent bientôt à terre sous le genou des bonshommes, en dépit des protestations de la Marie qui gémissait :

— Mais ils ne m’ont fait aucun mal, mon père Mathieu !

Jamais elle ne put faire entendre à ses rustiques chevaliers, enragés à la défendre malgré elle, le divin exorcisme qu’elle avait accompli, ni que désormais, les jeunes meurtriers, n’étaient pas plus à craindre que des anges. Pour eux, Crozant et Lereduc n’avaient que suspendu leur crime ;