Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/34

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Cependant, Ginette quitta son cinquième et acheta un petit appartement sur la cour dans le seizième, où elle eut des réceptions. H… fut invité. Il y but des tasses de thé et y croqua des gâteaux sur un divan plein de coussins, dans un minuscule salon tendu de tissus cubistes. Des journalistes et de jeunes romanciers disaient entre eux :

— Quel numéro, cette Ginette !

H… l’attira dans une embrasure et lui dit :

— Mon enfant, avec ce train de maison, vous allez m’épuiser.

— Mais, dit Ginette, je suis engagée pour une tournée de conférences en Amérique et je vais gagner beaucoup d’argent.

— Que direz-vous donc ! bégaya l’écrivain affolé.

— N’importe quoi. Après un livre comme le Train Bleu, on n’est pas à court d’idées.

« Tout va bien, pensa H… et je n’ai plus rien à craindre touchant mon secret. Ce que j’avais prévu arrive plus vite que je n’aurais cru, et Ginette est déjà devenue, devant sa conscience, le propre auteur de ce roman. »

Mais il se croyait obligé de travailler comme un bœuf de labour, inquiet des dépenses de Ginette, et se sentant une responsabilité effroyable pour l’y avoir engagée. Et il riait en se disant