Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fenêtres, Fleuriot, le front entre ses mains, n’avait pas relevé la tête. Mandrier qui, à le voir ainsi, s’était arrêté net, s’approcha, regarda par-dessus l’épaule de son camarade les papiers issus de l’enveloppe aux dernières volontés. C’est ainsi qu’il lut les trois courtes phrases du testament :

Je lèque le peu de valeurs qui demeureront après ma mort à la Cité Universitaire.

Ma bibliothèque à mes secrétaires, Fleuriot et Mandrier, qui en disposeront à leur gré.

Le produit de la vente de mes meubles et de mes tableaux à Le Goff, mon valet de chambre.

Mandrier, instinctivement, leva les yeux sur ces murailles d’éditions princières, de reliures rares. Fleuriot dégagea enfin son front. Le lustre à trois lampes illumina son visage large aux tempes, qui se terminait par des maxillaires fragiles et encore enfantins. Ses yeux sans larmes mais navrés cherchaient ceux de Mandrier.

— Il a vécu d’avance, pour nous, la minute présente. Il a voulu que fût fixé un instant, dans le temps, qui éternisât le sentiment qu’il avait pour nous.

— Évidemment, dit Mandrier.

— Il n’y a que cinq ans pour toi, et pour moi, trois, que nous étions avec lui.

— Les appointements n’étaient pas énormes.