Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/51

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— Ah ! peux-tu évaluer en un pareil moment des raisons d’un ordre si misérable.

— On est bien acculé à reconnaître que ton grand homme avait de petits côtés, mon pauvre vieux…

— Et puis, qu’importe ?

— … Qu’il a pratiqué surtout la générosité posthume.

— Un homme qui s’est dépouillé de tout !

— Parce que, dans sa situation, il ne pouvait en agir autrement.

— Parce qu’il a approché et d’aussi près que ce soit possible, la perfection.

— Fleuriot, comme tu es jeune ! Il n’était point parfait, tu sais. Comprends-moi bien : je n’ai pas de blâme pour lui. Mais je m’applique à voir les êtres tels qu’ils sont. Et tu sais, ce pauvre type que sa mère forçait à l’embrasser, il y a un instant, ce malheureux qui, avec la bonne femme, suait la gêne et la saleté, c’était son fils…

— Que dis-tu ?

— Je te jure. Je les ai retrouvés à la porte, lui et l’ancienne maîtresse qui venait pour renifler l’héritage, qui réclamait le testament. Ah ! mon cher, que n’as-tu vu Le Goff, lui la vieille doublure du patron, reproduisant exactement ses rancunes, ses haines, la mettre salement dehors avec le triste gosse légitime…