Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/53

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Mandrier demanda :

— Le gosse, on ne le voyait jamais ici ?

— Vous n’auriez pas voulu, monsieur Mandrier. Pour monsieur, la devise était : « Tout ou rien. » C’est buté je vous dis, qu’il était.

Le Goff disparu, Mandrier dit à Fleuriot silencieux :

— Quelle trouble histoire, hein ? L’enfant complètement abandonné, croupissant dans le ruisseau, devenu manœuvre ; pas un mot sur lui dans le testament, on a beau, par respect pour un homme qui n’est plus, se contenir, rien n’empêche qu’on ne le juge là-dessus, et malgré soi.

— Moi, je lui fais crédit, déclara Fleuriot d’une voix altérée.

Et il revint seul dans la chambre mortuaire pendant que Mandrier rangeait les papiers.

C’était l’heure du repas : les visites avaient tari, laissant en se retirant un voile de fleurs sur la dépouille gisante. Le mort était seul. Fleuriot reprit au pied du lit la place de Housselier et contempla son maître. Le jeune homme sentait sa vie trembler en lui. Il se demandait maintenant s’il n’avait pas été trompé par ce facies héroïque, par cette idéologie transcendante, par cette vie humaine apparemment exemplaire.

La légende de la fidélité poétique à une morte,