Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/54

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croulait. Le Maître n’avait pas échappé aux lois charnelles. Et des images s’imposaient à l’imagination de Fleuriot, évoquées par les mots de Le Goff. Tout un moment le visage de la femme aperçue dans la chambre, l’obséda. Il lui redonnait ses trente ans, ses yeux de pouliche de dix mois. Puis il reconstitua l’affreux baiser contraint donné par le jeune ouvrier malingre à son père mort, seul instant où celui-ci n’ait pu s’en défendre et où il ait consenti même passivement à reconnaître ses responsabilités déclinées.

— Il n’y a pas de grands hommes, conclut Fleuriot.

Le Maître devenait lâche et faible. Il mourait en Fleuriot d’une nouvelle manière bien plus terrible que la première. Il lui causait là un chagrin auprès duquel celui de disparaître n’avait été que douceur et tendresse.

Au lieu de s’apaiser, le tumulte du boulevard charriant des glaçons géométriques et noirs, s’accroissait avec l’effervescence des veilles de Noël. On voyait des fulgurances vertes et rouges à travers les lames des volets, Fleuriot se rapprocha du mort. Sa foi ne parvenait pas à s’éteindre, il demanda conseil ainsi qu’autrefois, à ce masque royal qui ne pouvait décidément pas faire figure d’inculpé.