Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/55

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Cette courbe du front monumental, signe flagrant de fierté humaine, imposa silence aux imaginations du subalterne ; et aussi la châsse profonde des yeux ; et aussi ce nez altier qui avait pris soixante-huit ans l’air terrestre comme son propre, en dominateur ; aussi cette bouche serrée, issue aujourd’hui cousue d’une âme puissante ; et aussi son menton si épais que sa grande main en était pleine, naguère, quand il l’empaumait en réfléchissant.

Et Fleuriot comprit que ce sage lui disait :

— Mon petit, ne savais-tu pas que j’étais un homme ?

La porte s’ouvrit, Mandrier entra, brandissant deux lettres. Il dit assez bas pour que le mort n’entendit pas :

— Regarde, lis cela. Des peintres, de jeunes artistes qui l’accusent de les avoir exploités. On achetait leurs toiles pour un morceau de pain. Ils les réclament aujourd’hui, arguant que : le prix versé n’était à tout prendre qu’un prêt sur gage. Dommage qu’un homme pareil n’ait été au fond qu’un grippe-sou.

Fleuriot sourit comme sous l’effet d’une ivresse intérieure.

— Oui, je crois aussi qu’il était un peu attaché à l’argent. Mais donne ces lettres que je les déchire.