Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/83

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Elle eut vingt-sept ans, se hâla au vent des routes, embellit au soleil et à la liberté, sans fard, sans poudre, sans rouge, sans bleu, sans souci.

Elle envoyait une partie de ses gains à Bertrande. L’ancien sénateur de la Lozère gardait dans ce cas-là un silence mortel. Mais sa moustache désolée, qu’il lissait d’une main ivoirine, disait sa défaite : Vercingétorix vaincu par les temps nouveaux. — Qu’Olive alliât en elle avec tant de vitalité le passé millénaire et le plus moderne présent lui semblait une apostasie — encore que, secrètement, il vit assez bien son aïeule Brunhilde, en pareil cas, vendant des francisques aux guerriers d’Aquitaine.

Cependant on avait payé le boucher de Marvejols.

Un jour, dans un chef-lieu de canton de Neustrie, comme Olive venait de remonter au volant de sa voiture et tirait déjà sur Chartres en faisant du quatre-vingt-dix, un client de l’armurier, demeuré dans la boutique où flottait encore l’odeur féminine de la lavande, questionna le marchand.

— Qui est cette femme ?

Lui appartenait à ce genre de garçons nés tout