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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/103

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un fauteuil aux chambranles dorés monté sur une petite estrade en vieille tapisserie.

C’était donc vrai ? La Reine allait venir ! Ce fut une stupeur. On savait qu’en dehors de la séance mensuelle qu’elle devait présider, la Constitution lui réservait le droit d’être présente à certains débats importants ou critiques. Or, dans cette calme et heureuse monarchie, on ne se rappelait pas l’avoir vue faire usage de ce droit inutile. La soudaineté de son acte était troublante ; une immense interrogation montait de l’Assemblée avec le vacarme d’innombrables voix que rien ne contenait plus. Et là-haut, M. de Nathée, n’ayant aucun mandat pour imposer le calme avant l’ouverture de la séance, agitait en vain ses belles et longues mains dans un geste apaisant.

Soudain, le nom de Wartz fut jeté par quelqu’un comme une explication ; elle courut la salle et tous les yeux cherchèrent à son rang le jeune député obscur de la gauche. Mais son seul aspect démentait le bruit lancé, d’un coup monté par lui.

L’air indifférent, il s’était accoudé à son pupitre, jouant avec sa règle dont son ongle grattait la moulure, d’un bout à l’autre. C’était bien le délégué anodin, celui dont le rôle consiste à faire nombre ; on s’était trompé.