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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/110

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en Poméranie, vous connaissiez notre sentiment sur un sujet si grave. Certes, le côté séduisant de ce projet ne nous a pas échappé. L’idée de ce développement du peuple par l’instruction est fort belle ; c’est même, à notre sens, la plus belle utopie d’un législateur. Mais à côté de ce monde des Idées, qui est votre domaine, messieurs, — à vous de qui c’est la fonction d’émettre au jour le jour, devant le Gouvernement qui vous écoute, les théories émanant des fluctuations mentales du pays, — à côté de cette région abstraite où vous planez, il y a la réalité de l’organisme national ; et c’est un champ d’expériences où ne réussissent pas toujours les systèmes élaborés dans le vague de la spéculation. Vous avez le droit de vous cantonner dans le rêve, mais ce droit n’appartient pas aux chefs d’État, qui tiennent entre leurs mains ces grandes réalités si absolues : les peuples. Et quelquefois, ce qui est vérité dans la pureté de vos belles conceptions, devient erreur en se réalisant dans la vie pratique. Nous craignons que la question actuelle ne soit dans ce cas. Nous avons observé les États qui, avant nous, avaient tenté la grande aventure où vous nous engagez ; il ne nous a point paru qu’ils fussent plus parfaits, plus forts, plus heureux, pour avoir créé dans la basse classe