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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/114

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ployé Saltzen. Mais un murmure désapprobatif et mal retenu montait de la gauche ; tandis que le centre, habituel appui de la souveraine, malgré des frémissements, des inquiétudes et une émotion manifestes, gardait un silence glacial. Saltzen lui-même, dans ce mélange d’ironie et de sentimentalité, dont il était pétri, s’enlevait une larme du bout du doigt, tout en disant :

— Pas mal, le discours, pour avoir été écrit par Hansegel. À vous, Wartz, maintenant !

Mais il avait beau regarder Samuel, il ne pouvait deviner ce que pensait le jeune homme ; personne n’aurait pu le deviner. Du coin de sa loge où elle ne le quittait pas des yeux, la pauvre Madeleine, tremblante, toute confiance perdue, sûre maintenant d’un insuccès terrible, sentait naître en elle pour son « grand homme » d’autrefois un genre d’amour spécial, un peu désenchanté, mais dépouillé de vanité : la tendre pitié des femmes. Toute la Délégation s’occupait de lui, à cette minute, fort désavantageusement. Les voisines de Madeleine en parlaient même tout haut, instruites par le président qui avait pris sur lui de changer l’ordre du jour, afin de permettre à l’Assemblée d’entendre immédiatement la réponse à la Reine.

— La parole, avait-il dit, est à monsieur le