Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien inutile de rappeler cette misère supérieure de ceux dont l’esprit s’est élevé au-dessus de la masse. « Savoir, c’est penser, et penser, c’est souffrir ! »

» Pourtant, messieurs, quel est celui d’entre vous, écrivain, homme de science, artiste, exerçant enfin l’un de ces métiers de l’esprit, qui ont fait de vous des délicats, des difficiles à satisfaire, quel est celui d’entre vous qui troquerait son sort contre celui d’un ignorant ? Ah ! dans vos villégiatures, les beaux soirs d’été, quand vous souffriez de vagues ennuis sans cause, en voyant le laboureur obtus et las, ruisselant de sueur, mais joyeux d’un appétit de bonne santé, rentrer chez lui en chantant, vous avez dit bien souvent : « L’heureux homme ! » Eussiez-vous désiré prendre sa place, messieurs ? Et si vous l’avez souhaité de bonne foi, si vous avez aspiré vraiment à redescendre dans ces couches épaisses, que n’avez-vous fait de vos fils des rustres ?

» Mais je vois, au contraire, que plus marchent les temps et plus se chargent les programmes des cours dans les institutions où s’élève la jeunesse aristocrate. La tendresse de la bourgeoisie pour sa progéniture multiplie autour d’elle les dons de l’instruction. Vous orientez sans cesse vos en-