Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/120

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s’attaquer. La droite, recourant à l’argument des minorités, lança des imprécations d’impuissante colère. Mais sereine, sans lassitude ni désordre, la pensée du tribun se développait. Elle s’évasait du texte de cette loi qui en était l’assise, jusqu’au code complet de la révolution.

— Bourreau du peuple ! Utopiste ! interrompaient les royalistes, enfermés dans la casuistique de Béatrix et de Hansegel. — Est-ce avec ces rêveries qu’on gouverne !

Alors il parla de la période proche et qu’on devait prévoir à des signes fatidiques, où ce peuple serait appelé à se conduire lui-même. Une urgence troublante s’imposait de lui verser à flots la lumière. Et il lança, d’une voix qui tremblait d’émotion secrète, l’indiscutable statistique des illettrés en Poméranie, cette évocation d’une masse compacte, profonde et obscure, où gisait une force aveugle, sans orientation. Comme il criait cette phrase : « Des écoles ! des écoles pour instruire le souverain de demain ! » la droite affolée voulut couvrir sous le tumulte une vérité aussi intolérable. Il sentait en parlant les poings se tendre vers lui. Mais il calma cette effervescence avec la déconcertante, maîtrise qui avait tout à l’heure subjugué les autres :