Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/126

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tique, et qui se retournait maintenant contre eux. Il ne régnait plus ici désormais ni mesure, ni logique ; l’influence nouvelle qui venait de naître défiait tout raisonnement. On ne discute pas avec ces convictions spontanées et jaillissantes qui sommeillent au fond des cœurs, jusqu’au jour où sous un choc puissant elles s’exaltent en foi passionnée. Wartz semblait, par sa seule force, avoir imposé sa pensée à cette masse d’esprits ; il avait seulement provoqué le choc déterminant du phénomène. Il avait emprunté son pouvoir à l’état inconscient des idées, cette maturité mentale qu’entrevoyait Saltzen. De même que la lumière ne prend son aspect que dans les substances qu’elle illumine, de même, l’éloquence du tribun n’avait trouvé sa véritable force qu’en rencontrant cet unisson mystérieux au fond des âmes. Son œuvre et sa gloire avaient été d’élever ces goûts secrets au dessus du prestige de la Reine, dans ce parti libéral de qui la psychologie, à cette heure, était si curieuse.

La Reine, alors que tout luttait contre elle : la poussée spirituelle de l’époque, les idées, et ce prodigieux talent de Wartz, s’était défendue jusqu’ici par un argument unique : le prestige de sa personne. Elle se faisait voir ; elle s’offrait aux