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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/127

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yeux, avec l’attrait royal et l’attrait féminin confondus en un seul charme. Soudain, comme si elle eût eu honte de mendier ainsi les ovations et l’enthousiasme, elle changea d’attitude. C’était le besoin d’agir qui reprenait sa puissante nature, et aussi une colère profonde qui la ravageait invisiblement sous son masque hautain. Elle qui se sentait toute autorité et loi souveraine, au point que ce sens du pouvoir s’identifiait avec le sens même de son être, se voyait tout à coup méconnue, reniée et impuissante. Roi, elle eût fait un coup d’État, elle eût appelé la garde. Wartz aurait été maintenu par la force, et la prison du faubourg, où l’on enfermait les condamnés politiques, lui aurait servi de lieu de méditation pour peser à son aise la suprématie de la Liberté sur la Monarchie. Mais ce moyen masculin ne pouvait être celui d’une créature de force douce comme elle. Elle biaisa. Il fallait une digue au flot montant qui la menaçait, elle voulut le détourner par adresse. Elle jeta les yeux sur ces effrénés qui gesticulaient dans les bancs de l’enceinte : elle y cherchait la complicité d’un homme sans laquelle si peu de femmes peuvent agir. Son regard choisit Wallein, Wallein dont la politique nerveuse, faite d’impressions, d’impulsions, d’agitations, serait plus malléable, plus soumise à