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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/128

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ses influences. Elle se savait sur lui un grand pouvoir ; de plus, il était l’un des plus avancés au large dans la tempête d’aujourd’hui ; elle tenait ce sensitif par les mêmes fibres que le tenait l’Idée nouvelle. Ce serait son ouvrier.

— Monsieur le président ! appela-t-elle.

Cette faible voix éteignit les autres bruits, le grondement de la salle, peu à peu.

— Monsieur le président, voulez-vous transmettre à l’Assemblée ce désir de la Reine, que la séance soit renvoyée à demain ?

La rumeur reprit, avec un mouvement effrayant de tous les visages vers elle :

— Non ! non !…

Et le bruit des protestations se prolongeait, s’enflait, atteignait dans sa véhémence le pire tumulte de tout à l’heure. Le président parla encore, il parla d’égards dus à Sa Majesté, de lassitude, et le « non » vibrait toujours, opiniâtre, inflexible. Chose troublante et magique, de voir cette progression tangible de la puissance changeant de main, abandonnant les autorités anciennes, allant vers les bases de la Nation, vers le peuple dont c’était ici la Délégation.

Les ministres revinrent. Les huées recommencèrent. Chacun d’eux s’installa à son bureau, et,