Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/145

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mêmes, pour cette œuvre. Nous autres, les meneurs, nous sommes les instruments de la force qui travaille les peuples, pour les élever toujours plus haut…

— Ah ! les élever toujours plus haut ! s’écria-t-elle.

Et sa gorge se contractait de douleur et de colère. Des larmes vite refoulées parurent à ses paupières, et ses deux belles mains désespérées retombèrent le long du tapis bleu.

Pourquoi dites-vous de ces choses incertaines ? Depuis que notre dynastie règne, n’avons-nous pas fait une Poméranie glorieuse ? Voyez notre industrie, nos cotons, nos houilles, voyez nos sciences, ce qui s’écrit, ce qui s’édifie, voyez les musées et les usines, voyez la Bourse, voyez Oldsburg et voyez Hansen, et parlez encore d’élever plus haut la nation ! Vous oubliez, messieurs, que, pendant dix siècles, nous les rois, nous avons peiné, lutté, pour arracher notre peuple à la barbarie, à l’ignorance, à l’engourdissement, à la domination étrangère. La nation, nous l’avons agrandie, fortifiée, moralisée, enrichie. Et maintenant vous prétendez nous l’arracher des mains, dans sa fleur et dans sa gloire, sous prétexte de votre « Toujours plus haut ! » Mais il y a, dans l’histoire dont